Quel sera l’impact réel sur les taux ?

À moins de vivre isolé au fin fond des bois, vous n’avez sûrement pas échappé à l’actualité politique française tumultueuse. Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale et des élections législatives anticipées, c’est le branle-bas de combat. Sur le marché immobilier, certains craignent déjà un impact négatif. Quel effet concret pour votre projet d’achat ? Les taux vont-ils repartir à la hausse ? On démêle pour vous le vrai du faux. 👌
Dans un marché immobilier déjà marqué par l’attentisme, l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le chef de l’État, au soir des élections européennes, a eu l’effet d’un mini-séisme. De nombreux acteurs du secteur s’accordent à dire qu’on n’avait pas besoin de cela.
Depuis le 9 juin, l’incertitude règne. Les acheteurs sont inquiets, car la menace est brandie : « les taux d’intérêt vont grimper ». Emmanuel Macron a affirmé lors de sa conférence de presse du 12 juin : « Si le Rassemblement National venait aux responsabilités, vos prêts immobiliers vont flamber, parce que les taux vont flamber ».
Ce message, repris par plusieurs ministres, pourrait effectivement inquiéter les futurs acquéreurs. Mais est-ce vrai ?
OAT en hausse et incertitude de mise.
L’annonce de la dissolution a eu un impact direct sur les marchés financiers et les taux d’emprunt de l’État. L’OAT, qui était à 2,98 % le 5 juin, est monté à 3,11 % le 14 juin, avec un pic à 3,31 % le 11 juin.
« À la suite des élections européennes du 9 juin, des tensions réapparaissent sur les taux », a confirmé Loïc Cantin, Président de la Fnaim.
Cette hausse de l’OAT 10 ans n’est pas un bon signe, car cet indice guide les banques dans la fixation de leurs taux. Si l’OAT augmente, les taux d’intérêt risquent de suivre. Cependant, les professionnels du secteur sont moins alarmistes que les politiques.
Entre les résultats des élections anticipées (qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet prochains), la possible formation d’une coalition en l’absence d’une majorité claire, la nomination du prochain Premier Ministre, les Jeux Olympiques puis la traditionnelle pause estivale du secteur bancaire au mois d’août, il faudra réellement attendre la rentrée pour percevoir une direction claire.
D’ici là, les taux immobiliers ne devraient pas connaître de grosse évolution.

Si vous n’êtes pas un adepte des marchés financiers, cette notion peut vous sembler floue. L’Obligation Assimilable du Trésor (OAT) est un type d’emprunt que des investisseurs (banques, fonds d’investissement, particuliers) accordent à l’État. En échange, ce dernier s’engage à le rembourser avec intérêts. L’OAT 10 ans est fixé à 10 ans et permet à l’État français de financer ses besoins (dépenses publiques, infrastructures). Il est considéré comme un investissement relativement sûr car l’État est perçu comme un emprunteur fiable.
Un scénario qui dépend du parti au pouvoir.
En pleine campagne, il n’est pas surprenant de voir certains politiques agiter la menace d’une hausse des taux. Mais objectivement, quelles pourraient être les conséquences des élections sur le marché immobilier et les taux d’intérêt ?
Tout dépend du parti qui remportera le scrutin et du programme du prochain gouvernement. Les marchés financiers n’aiment pas l’instabilité, mais il faut noter que le parti actuel a déjà provoqué un déficit public, intégré dans le niveau actuel de l’OAT.
L’arrivée d’une nouvelle majorité avec un programme économique différent pourrait avoir un impact, mais on peut aussi prévoir que ce nouveau gouvernement adapte ses mesures pour limiter le « choc » annoncé.
La principale crainte est qu’un programme augmentant fortement la dette publique fasse grimper l’OAT, rendant le coût du refinancement des banques plus élevé, et entraînant ainsi une hausse des taux d’intérêt.
Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le marché immobilier, qui se remet tout juste de dix-huit mois de crise. Cependant, le taux d’usure, qui reste élevé, ne devrait pas poser de problème comme en 2022-2023.
Un autre aspect à considérer est la politique du prochain gouvernement pour relancer le marché immobilier. Les récentes mesures du ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, et de Gabriel Attal n’ont pas rencontré l’approbation des acteurs du secteur.
Après l’annonce de la dissolution, la Fédération française du bâtiment a rapidement réagi en appelant les politiques à agir et en proposant une dizaine de mesures essentielles pour relancer l’activité de la construction. Elle attend de la nouvelle Assemblée « du sérieux, de la stabilité et de la constance ».
Vous l’aurez compris, il est encore trop tôt pour prédire l’avenir côté immobilier. En attendant, quelle stratégie adopter en tant qu’investisseur ou particulier ? Acheter ou renoncer ?
Si votre projet est bien préparé et votre capacité d’emprunt validée, nous vous recommandons de franchir le pas. Les taux actuels sont plus bas qu’hier, et les prix au mètre carré ont reculé ces derniers mois dans de nombreuses villes et régions, une situation qui pourrait ne pas durer.
Et il est toujours possible de négocier le prix d’achat à la baisse avec un dossier bien ficelé. 😉

Article très intéressant et vraiment complet. Merci à vous pour cette analyse.
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